MARIE L'AMUSE
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LE BLOG
- CARNETS DE BORD -

PREMIERE AVENTURE... PREMIER AMOUR

23/8/2015

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Si vous voulez bien me suivre, j'aimerais aujourd'hui que nous partions ensemble pour une de mes explorations. 

Cette première échappée sera certainement plus longue et détaillée que les autres, car j'aimerais vous raconter le jour ou j'ai, pour la première fois, mis mes pieds dans un lieu abandonné... pour ne plus totalement en sortir.

Les méandres de la vie tiennent, finalement, à si peu de choses...


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Il y a quelques années encore, je n'éprouvais pas tellement d'intérêt pour ces endroits, bien que, comme beaucoup je suppose, j'aimais me faire peur. Une escapade dans une vieille maison, qui craque et qui bruisse...

Mon frère me raconta un jour qu'il s'était retrouvé, par son métier, dans un ancien hôpital destiné à être reconverti en copropriété. Il m'a parlé du silence, qui l'a tant impressionné, qui courait dans les couloirs de cet immense bâtiment. Il m'a aussi parlé des sursauts, à chaque bruit, à chaque claquement de fenêtre. Et de cet étonnement mêlé de frayeur, lorsqu'en poussant une porte, c'est une salle de bain ensanglantée qui l'a accueilli. Je l'écoutais, avec fascination, en ayant déjà un petit chatouillement, une envie de découvrir cette étrange ambiance.

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C'est par hasard que, quelque temps après, ce lieu à l'abandon surgit lors d'une conversation entre amis. Un simple "il faudrait il y aller, à l'occasion" s'est transformé en quelque chose d'encore un peu plus intriguant pour mon ami Benjamin, et moi. C'est à partir de cette conversation anodine que, d'amis de toujours aux passions et parcours étrangement similaires, nous sommes devenus un inséparable duo "d'explorateurs", et collègues.

Mon beau-père avait eu la géniale idée, quelques semaines plus tôt, de m'offrir son vieil appareil photo. J'aimais cela mais je m'y connaissais très peu, J'avais envie d'en savoir plus, et Benjamin se promenait déjà partout avec le sien.

L'excuse était toute trouvée : nous voici en route pour une après-midi dans ce mystérieux hôpital.



C'est une belle journée de février. Nous traversons villes et villages de montagne, avant de prendre une route qui s’élève vers d’impressionnantes falaises. Les virages en lacets nous emmènent toujours un peu plus haut. Les champs laissent place à la forêt, et plus nous grimpons, plus la neige s’accumule. Nous ne sommes plus très loin de notre destination, lorsque nous l’apercevons, entre deux sapins. Nous garons la voiture un peu plus loin, et nous approchons.

Une montagne de neige barre la route d’accès, mais nous n’avons pas besoin de la franchir pour le découvrir.


Il est immense.
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Blocs de béton, dressés face aux majestueux sommets alpins.

Courbes et lignes, angles et recoins, une impressionnante architecture qui me surprend et, étrangement, me fascine. Un de mes premiers coups de foudre architecturaux, que j’ai toujours un peu de mal à expliquer. Radicalement opposé aux constructions de bois et de pierre, que j’ai toujours trouvé bien plus esthétiques.
Un énorme panneau vantant les beautés d’une future résidence annonce la couleur, et les engins de chantier nous apportent la confirmation qu’il est grand temps de venir jeter un œil à ce bâtiment, qui ne portera plus pour longtemps son costume élimé d’établissement médical.

Nous entrons par une porte ouverte, droit devant nous, sans même prendre le temps de faire le tour du terrain : nous n’avons pas tout à fait le droit d’être là, et nous ne savons pas si nous n’allons pas rencontrer quelqu’un.

Poussée par un petit pic d’adrénaline, je suis Benjamin qui grimpe rapidement une volée de marches nous emmenant droit dans l’ancien accueil du sanatorium. Il ne reste plus que des traces de l’aménagement intérieur, seuls les murs et plafonds sont encore debout. Le chantier a bel et bien commencé.
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Quelques pas plus loin, je me retrouve au centre d’une splendide salle voûtée, illuminée par une longue série de baies vitrées. La vue est incroyable, et la neige ajoute un je ne sais quoi de magique… Suite du coup de foudre architectural.

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Le sol carrelé est toujours là, mais les murs ont déjà été dépouillés. Je me demande ce que ce hall va devenir. Vont-ils le conserver ? Quel dommage si ce n’est pas le cas… Je me le suis souvent posé cette question lors d’autres explorations. Le lieu est beau, que va-t-il devenir ? 
Il se trouve qu’au final, cette splendide salle a été coupée en deux dans le sens de la longueur pour être transformée en une série d’appartements en duplex, uniformément blancs. C’est par ailleurs plutôt étonnant, le programme immobilier ayant été élaboré dans le respect du lieu et de son architecture : les sols des parties communes et les escaliers on pour la plupart été conservés, un soin tout particulier a été apporté à la rénovation de la façade afin de lui rendre sa couleur d’origine, il reste même une chambre-témoin avec le mobilier d’époque.

Bref…
Continuons.

Nous laissons le hall derrière nous pour nous diriger vers l’aile nord du bâtiment.
C’est une toute autre ambiance… je pensais alors que les travaux avaient déjà débuté ici, et j’apprendrai par la suite que ce que nous traversons relève des vols de matières premières et de l’usure du temps, car je verrai ce genre de scène très régulièrement. Une odeur caractéristique me prend au nez, je marche sur un épais tapis d’isolants et de plaques de faux plafond, rongés par l’humidité. Je parcours rapidement cette partie des lieux, déçue de ne trouver que des tags, et encore et toujours cet isolant humide qui amortit mes pas.

Et, petit à petit, des traces d’une vie passée apparaissent.

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Ici, des sanitaires, là, une chaise et une paire de chaussures sagement déposée à ses côtés.

Les murs et sols bruts laissent place à des couloirs beiges, des moquettes marrons. En poussant une porte, plus de doute : nous sommes bel et bien dans un ancien sanatorium, une grande baignoire de soins aux couleurs criardes nous le fait comprendre.

La visite prend alors une autre dimension. Chacun armé de son appareil photo, nous explorons et découvrons à chaque fois de nouvelles surprises. Je pousse des portes, essaie de comprendre ou je suis, m’invente des histoires sur la base des quelques indices que les derniers occupants ont laissé derrière eux.

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C'est fantastique, je me sens comme une gamine. Je furette, je me réjouis d'un rien, je passe de surprise en surprise. Matériel médical, archives... beaucoup d'objets sont encore là. La sensation de ne pas sensée être ici, mais la curiosité de vouloir en savoir toujours un peu plus...




Nous sommes entourés par le silence, et Benjamin, parcourant d’autres pièces, me fait régulièrement sursauter.

Bien que manifestement seuls dans ces lieux, nous ne pouvons pas nous empêcher de chuchoter… certainement pour garder une oreille attentive aux intrigants petits bruits, mais peut être aussi pour ne pas déranger.
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Dans chaque lieu que nous avons exploré, je me suis faite toute petite. Je n’ai poussé que des portes, sans jamais rien toucher, sans jamais rien déplacer, par respect pour l'endroit, pour tout ce qui est encore là, tout ce qui n’a pas bougé depuis des années. Qui suis-je pour me permettre de déplacer ce qui est recouvert de poussière ? Je suis une intruse, une curieuse qui se raconte des histoires, je n’ai pas ma place dans ce monde de silence. Je veux témoigner de ce qui fut, de ce qui est, uniquement au travers de mes yeux et de mon appareil, et disparaître en laissant aussi peu de traces que possible, pour que l’endroit retrouve son calme désormais habituel.

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Nous continuons nos allées et venues dans le bâtiment, jusqu'à nous retrouver devant un tunnel d’un noir d’encre.

Il attise ma curiosité, je l’emprunte donc, à l’aveugle, pour me retrouver devant une porte scellée.
Qu’est ce qui peut bien se cacher au bout de ce passage ? Nous avons beau essayer, impossible d’ouvrir la porte… tant pis, il faut bien que les explorations gardent une part de mystère.


Nous grimpons d’étage en étage, jusqu’à pénétrer dans le joyau de l'aile nord. 

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Le dernier niveau est couronné d'une chapelle, plutôt simple, mais à l’architecture majestueuse. Des murs bleu-gris s’élèvent très haut, jusqu’à un plafond en escaliers, parsemé de petites lucarnes carrées, seules ouvertures laissant pénétrer une douce lumière. Il ne reste rien d’autre qu’une fresque monumentale, s’élevant à la verticale derrière ce qui était la place de l’autel.

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Nous avons vu des marques de dégradations volontaires dans tout le bâtiment, et bien qu’ouverte aux quatre vents comme les autres pièces, la chapelle en est exempte. Un certain respect que nous retrouverons lors d’autres visites.

Après avoir admiré et immortalisé le lieu, nous retournons dans l’aile principale, et nous nous aventurons jusqu’aux niveaux les plus élevés. Le panorama prend toute sa mesure depuis les toits. 

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Plus d'un kilomètre de falaise nous surplombe, et à perte de vue, les plus hauts sommets d'Europe se succèdent, éternellement enneigés, resplendissants. Difficile d'imaginer que les officiers qui séjournaient ici dans le but d'éradiquer leurs tuberculoses aient un jour eu envie de repartir...

De retour à l'intérieur, la visite se fait rapidement. En effet, le chantier est déjà bien avancé dans cette partie, qui contenait les chambres et des couloirs sans fin. Les futurs appartements prennent forme, et tout a été déménagé. Je suis déçue que cette balade dans la plus grande partie de l'établissement se fasse entre parpaings et plaques de plâtre. La drôle de magie de l'aile nord est déjà loin derrière nous... c'est alors qu'en poussant une nouvelle porte, perdant l'espoir de trouver à nouveau des traces du passé, je me retrouve projetée dans une toute autre ambiance.

Enjambant les outils dispersés sur la dalle de béton, je franchis le seuil et prends une grande inspiration. Je laisse derrière moi les odeurs de plâtre et les courants d'air, pour me glisser au milieu de senteurs de bois et de bougies parfumées. Mes pieds glissent sur le plancher flambant neuf. Je laisse courir ma main sur le couvre-lit en laine. C'est l'appartement-témoin de la future résidence. Nous ne nous attendions pas à cela.

Drôle de sensation que de passer en quelques minutes d'une pièce remplie d'anciennes radiographies, à la douceur d'un appartement de montagne, chaud et douillet.

J'en profite pour visiter ce qui sera l'avenir du sanatorium, et pour réchauffer mes pieds engourdis par le froid hivernal.
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Après cette pause plutôt irréelle, nous décidons de quitter le bâtiment, sans chercher ses anciennes cuisines, sa bibliothèque ou son théâtre, ayant compris qu'il ne restait plus rien de cela. Nous nous dirigeons vers une villa cachée dans les arbres, un peu plus haut. Nous soupçonnons qu'il s'agit de la maison du directeur, clairement à l'abandon elle aussi.
Je m'enfonce jusqu'à mi-cuisse dans la neige poudreuse, les quelques dizaines de mètres nous séparant de la villa sont pénibles. Ne pénétrant jamais par effraction, je prie pour qu'il soit possible de rentrer dans cette maison, et c'est le cas.

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Les tags et dégradations sont aussi passés par ici.
Les quelques meubles restant ne nous apprennent pas grand chose, et l'atmosphère est bien moins intense que dans le sanatorium.
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Nous parcourons tout de même l'intégralité de la villa et descendons à la cave.

Je me retrouve alors devant une porte scellée. A mon grand étonnement, je suis finalement passée de l'autre côté de la porte au bout du couloir sombre que nous avions découvert quelques heures plus tôt. La villa est directement reliée à l'établissement médical.

Une petite pièce attire notre attention. 



Je ne vois pas grand chose, je n'ai 
pas pensé à prendre de lampe de poche.
C'est à la lueur d'un téléphone et des flashes de nos appareils que j'aperçois des dizaines et des dizaines de livres recouvrant le sol d'un minuscule cellier.
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Je vais tuer l'araignée
dedans ma tête elle veut pas se taire -

Nous nous approchons précautionneusement, un frisson me parcourt l'échine. La scène se dévoile petit à petit, le froid devient plus intense, le silence plus pesant, l'obscurité plus oppressante.
Je crois qu'ils
sont là les
murs transpirent
le sang j'ai envie
de vomir -

Sur les livres est posée une vieille chaise en bois. Au dessus, un vasistas apporte une lumière blafarde mais bienvenue.
Faut pas crier sinon ils vont me
cogner après j'aurai des bleus
c'est pas joli les bleus -

Les murs de béton, absolument tous les murs, sont recouverts d'inscriptions.

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Autour du noir dedans ma tête du noir
j'ai encore rangé ma chambre je me sens mieux
du sang partout
dors
partout
dans les moindres recoins -

Dans un coin, sur un coussin, un cadavre de chien.

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Aujourd'hui
j'ai pas pleuré
j'ai pas bougé
pas rangé rien
j'ai fermé les yeux-


Effarée, je regarde Benjamin. Je ne sais pas si nous avons mis les pieds au milieu d'une grosse blague, ou au milieu d'un cachot. Ma tête me dit qu'il s'agit d'une mise en scène, c'est trop énorme, mais en même temps...
Il a suffi de lever les yeux pour trouver la solution. Le plafond est parsemé de restes de chatterton. Le lieu a dû servir de décor pour un film quelconque. Je suppose que la dépouille de chien fait elle aussi partie des accessoires, mais je n'ai pas essayé d'en avoir confirmation.
Le sanatorium a servi de décor pour un long métrage. Je pensais en savoir plus en le visionnant, mais la pièce n'apparaît que quelques secondes, en pleine scène d'action.
Je n'ai jamais trouvé d'autres traces d'un film tourné dans cette cave.

L'ambiance restant malgré tout pesante, nous repartons.
J'ai tué mon araignée -
-CHUT
dedans ma tête
on est mardi
j'ai rangé mais je sais qu'ils vont me gronder -




Le soleil se couche sur les montagnes.

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Dans la cour, surplombant la vallée, j'admire une dernière fois la beauté du paysage, encore hantée par les sensations de la journée. Les sommets deviennent orangés, Vénus apparaît à l'ouest.
Il est temps de rentrer.

Je sais à ce moment là que ce lieu me racontera encore beaucoup d'histoires, et je sais que je vais vouloir les partager à mon tour. J'ai aimé avoir l’œil dans le viseur pour ramener avec moi des bribes de ce sanatorium. Je veux continuer de garder des traces de ces endroits silencieux, tant qu'ils sont, et comme ils sont.

D'un commun accord, sans avoir besoin de se le dire, nous savions que ce n'était que le début.
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